Les lunettes connectées, symboles d’une nouvelle ère technologique, sont en passe de devenir des objets du quotidien. Utilisées à l’origine par une poignée d’initiés ou dans des secteurs d’activité spécifiques (santé, logistique, industrie), elles arrivent progressivement sur le marché grand public avec des modèles plus discrets et accessibles. Réalité augmentée, assistance vocale, prise de photos, navigation GPS, etc, elles promettent une expérience immersive et utile.
Mais face à cette montée en puissance, une question essentielle émerge. Quel est l’impact environnemental de ce type d’équipement optique, en matière de production, d’usage et de recyclage ?
Dans un monde où l’urgence climatique impose des choix responsables, il est indispensable d’évaluer la durabilité de cette nouvelle génération de lunettes.
Des lunettes connectées technologiquement avancées mais peu écologiques
Qu’est ce qui compose les lunettes connectées ?
Caméras miniatures, microphones, processeurs, capteurs, batteries au lithium et connexions sans fil (Bluetooth, Wi-Fi). Cette sophistication, ouvre certes des usages innovants (en a t’on réellement profondément besoin …?), mais qui ont un coût écologique réel. Ce coût se mesure notamment lors de la consommation de ressources naturelles et d’énergie, et ce dès la phase de production.
L’extraction des métaux rares (lithium, cobalt, terres rares) utilisés dans les composants électroniques est particulièrement polluante. Il s’agit même d’une double pollution : environnementale et sociale.
Autre point noir : les batteries intégrées, souvent non remplaçables, représentent un risque écologique majeur si elles ne sont pas traitées de manière adéquate en fin de vie. Or, très peu de modèles actuels de lunettes connectées permettent un démontage facile ou un remplacement des composants.
Un cycle de vie express
La durée de vie moyenne des lunettes connectées est encore relativement courte. Les mises à jour logicielles sont limitées dans le temps. Sans compter les pannes de batterie ou les défauts matériels rendent difficile leur utilisation au-delà de quelques années.
Ces lunettes intelligentes souffrent ainsi, plus encore que pour d’autres secteurs, d’obsolescence programmée. Ce phénomène, associé à un manque de filières de réparation ou de reconditionnement, aggrave leur impact environnemental.
Recyclage des lunettes connectées : le défi technique
La question du recyclage pour ce type d’équipement est encore plus complexe que pour les modèles classiques. Rappelez-vous. Pour recycler une paire de lunettes, il faut démonter entièrement la monture, trier les éléments métalliques, les verres, le plastique ou le bois. On ne peut pas juste déposer ses vieilles lunettes dans le bac jaune, ce serait trop simple et déjà fonctionnel si c’était le cas !
Imaginez maintenant une paire sur laquelle on ajoute une multitude de micro éléments, de variété multiple (batterie, cartes électroniques…) tous soudés et collés les uns aux autres …
Et comme notre filière est la première en France à imaginer des solutions de recyclage pour les montures classiques, il est facile d’imaginer qu’il n’existe pas du tout encore de circuit pour les lunettes connectées. Celles-ci ont donc 100% de chance de finir jetées, brûlées ou enfouies, polluant ainsi l’air et les sols.
Quelles solutions face à cela ?
Plusieurs pistes peuvent être envisagées pour réduire l’impact écologique des lunettes connectées et favoriser leur recyclage :
Éco-conception lors de la fabrication
Les fabricants pourraient intégrer des principes d’éco-conception pour allonger la durée de vie et simplifier leur recyclage :
- utiliser des matériaux recyclables,
- faciliter le démontage des composants,
- faire en sorte que les batteries soient remplaçables.
Allongement de la durée de vie
Pour encourager les consommateurs à conserver leurs équipements plus longtemps, certaines actions peuvent aussi être mises en place :
- garantir des mises à jour logicielles sur plusieurs années,
- faciliter l’accès aux pièces détachées
Développement de filières de recyclage
Des programmes de reprise ou de reconditionnement, à l’image de ceux qui existent déjà pour les smartphones, pourraient être mis en place. Cela permettrait de récupérer les matériaux précieux et de limiter les déchets.
Lunettes connectées éco-responsables, est-ce réellement possible ?
Selon nous, cette avancée technologique reste une aberration écologique supplémentaire.
Entre l’obsolescence rapide, le recyclage difficile voire impossible, la production énergivore, il semble à l’heure actuelle assez antinomique de parler de lunettes éco-responsables.
Si les grands groupes de lunetiers acceptaient déjà de mettre en place des solutions pérennes et véritables face au désastre écologique du secteur de l’optique lunetterie, peut-être alors serait-il judicieux de se pencher sur la question du recyclage des lunettes intelligentes.
Mais commençons déjà par la base : trouver un système de recyclage solide pour les équipements classiques du secteur de l’optique lunetterie. Un système qui engage tout le monde (commerçant, fabricant, état) et qui ne fait pas reposer la responsabilité environnementale du secteur sur les petits commerçants engagés qui font du mieux qu’ils peuvent face à l’urgence climatique et l’inaction généralisée dans le secteur.
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