Après notre étude sur le recyclage des verres de présentation, voici les résultats de notre étude concernant le recyclage des lunettes.
Chaque année, des millions de lunettes arrivent en fin de vie. Pourtant, leur recyclage reste un véritable défi technique et organisationnel. L’étude menée en 2025 par Nouvelle Plasturgie pour Recycloptics apporte un éclairage précieux sur la recyclabilité réelle des montures et branches de lunettes issues de la collecte. Elle met en évidence à la fois les limites actuelles de la filière et des opportunités concrètes pour mieux valoriser ces produits complexes.
La deuxième bonne nouvelle de cette année est contenue dans cette étude.
Recycler les lunettes est possible ! Il ne reste qu’à déployer tout cela sur notre territoire.
Penser le recyclage lors de la conception !
Le premier constat vraiment interpellant de l’étude c’est qu’aucune des lunettes analysées n’a été conçue pour être recyclée. Les montures combinent une grande diversité de matériaux — plastiques, métaux, visserie, charnières, éléments décoratifs — rendant le tri et donc le recyclage extrêmement délicat.
Sur un lot de 59 kg de lunettes collectées, deux grandes catégories apparaissent : environ 25 % de montures en acétate (majoritairement issues de la fabrication française) et 75 % de lunettes souvent produites en Asie, avec une grande variété de plastiques.
Ici on interpelle donc une nouvelle fois les industriels qui doivent impérativement prendre leur part et repenser la fabrication des lunettes pour rendre le recyclage plus facile !
L’identification des plastiques : un verrou majeur
Le tri automatisé pour les montures de lunettes n’est en revanche pas envisageable à ce jour. L’étude montre que la diversité des plastiques complexifie l’identification de manière fiable des différentes matières.
Un tri manuel est cependant possible notamment pour l’acétate qui se distingue en termes de quantité. Ce tri manuel est “simplifié” grâce à deux éléments qui permettent d’identifier facilement la matière.
L’acétate : une matière à fort potentiel de recyclage
L’acétate apparaît comme la matière la plus prometteuse pour une valorisation à court terme. Après un tri rigoureux, un démontage manuel et une élimination minutieuse des éléments métalliques, les montures en acétate peuvent être broyées puis recyclées.
Des essais de transformation ont montré qu’il est possible de produire une nouvelle matière plastique issue de tout ou partie du broyat obtenu à partir des lunettes collectées. Les résultats sont techniquement viables.
Que faire de la nouvelle matière ?
L’étude propose des scénarios simples et pragmatiques pour la revalorisation. L’étude se base sur des opérations majoritairement manuelles, non coûteuses et faciles à mettre en place : collecte, tri des lunettes réemployables, séparation métal/plastique, identification de l’acétate, broyage et transformation. Cette approche permettrait de valoriser environ 50 % du poids des plastiques collectés sans investissements lourds.
Par exemple, à l’échelle nationale, sur les 20 millions de lunettes mises sur le marché chaque année (soit environ 500 tonnes), près de 60 tonnes d’acétate pourraient être recyclées relativement facilement. Les polyamides représentent un autre gisement équivalent, mais nécessitent des technologies complémentaires.
Vers une filière circulaire des lunettes
Enfin, l’étude insiste sur l’importance de créer des boucles locales de recyclage et souligne aussi le rôle clé de l’éco-conception au démarrage de la chaîne : réduire la diversité des matériaux, limiter les décorations inutiles et intégrer dès l’origine la fin de vie du produit.
Le recyclage des lunettes est loin d’être impossible, mais la quantité de matière première à recycler détermine également la viabilité du processus. En s’appuyant sur les spécificités de l’acétate et sur le savoir-faire de la fabrication française, la filière peut amorcer des actions concrètes et entraîner l’ensemble des acteurs vers une véritable économie circulaire.
Reste à savoir si l’industrie de l’optique a envie de prendre ce virage ou non !